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Addictions, douleurs : l'autohypnose est une technique en vogue

Un article de Domnique BURGE, paru sur le site de la RTBF en novembre 2014.

L'hypnose est un état de conscience particulier qui n'est ni le rêve, ni le sommeil. On connaît bien, aujourd'hui, l'utilisation de cette technique en chirurgie comme alternative à l'anesthésie. Mais depuis quelques temps, les spécialistes développent des ateliers d'autohypnose pour permettre à leurs patients de se prendre en charge, de se débarrasser d'une addiction, d'une compulsion; de gérer aussi des douleurs chroniques. A travers quelques portraits, nous découvrons les bienfaits de cet outil qui aide à guérir.

Nadine est potomane depuis 20 ans, ce qui veut dire qu'elle buvait jusqu'il y a peu entre huit et dix litres d'eau par jour plus des sodas: "En fait, je bois toute la journée. C'est du non-stopje n'arrête pas... quand je suis en manque, je suis angoissée, j'ai peur, je panique...". A cette souffrance s'ajoutent des problèmes aux reins. Nadine décide donc de suivre des ateliers pour apprendre l'autohypnose.

Après sa première séance et en pratiquant tous les jours, sa consommation s'est réduite à trois litres. Au vu de ces résultats, Nadine continue les séances de groupe. Lors de la dernière, le Dr Eric Mairlot a demandé à ses patients d'apporter un aliment obsessionnel. A partir de là, le thérapeute va s'appuyer sur les capacités autohypnotiques des participants: "En fait, on a des capacités autohypnotiques positives qui vont stopper les capacités autohypnotiques négatives.  Pas exemple, la crise de boulimie, c'est typiquement une sorte d'état modifié de conscience, quand on est hypnotisé par la nourriture et qu'on fonce dessus, qu'on n'arrive plus à s'arrêter, qu'on perd le contrôle, c'est de l'autohypnose négative. Et le moyen de sortir de ces états hypnotiques négatifs, c'est d'avoir à sa disposition une autohypnose positive; donc, on va puiser en nous des capacités de nous sentir bien tout simplement sans avoir à bouffer, boire ou fumer." 

Sortir de sa boulimie

Barbara a suivi aussi les ateliers d'autohypnose du Dr Mairlot. Elle était boulimique et souffrait d'achats compulsifs. D'une part, elle trouvait qu'elle avait d'énormes genoux et n'osait pas porter de robe et d'autre part, ses achats répétitifs avaient vidé son portefeuille. Elle avait déjà essayé d'autres types de thérapie mais n'étant pas très volontaire; elle s'arrêtait pendant quelques jours pour retomber de plus belle dans ses travers. Aujourd'hui, quand elle se retrouve face à une pulsion, elle se répète une petite phrase travaillée en l'autohypnose "ça va aller" qu'elle associe à un geste, elle se fait un petit bisou sur l'épaule; elle se calme, s'apaise et l'anxiété passe, la compulsion est évitée.

Autohypnose et cancer

Dans le service d'algologie du Professeur Faymonville au CHU de Liège, on organise des séances d'autohypnose pour les patients atteints de cancer du sein ou de la prostate. Les séances commencent toujours par une série de petits exercices, comme faire la liste de ses besoins : "qu'est-ce que j'ai besoin pour me sentir bien?" Puis s'ensuit la séance d'autohypnose proprement dite, le but étant de replonger le patient dans des expériences sensorielles positives. Le professeur nous explique qu'"en oncologie, très souvent on a l'impression de devoir subir ses traitements (chimiothérapie, radiothérapie...), de rester un peu passif et donc, donner un outil qui leur permet de mieux gérer les douleurs, d' apporter du confort, c'est intéressant car le patient devient acteur de son traitement". 

Pour certaines personnes, apprendre à prendre soin de soi, cela n'est pas évident et c'est un peu l'histoire de Christiane. A la sortie de son traitement pour le cancer du sein, on lui a proposé d'apprendre l'autohypnose. Christiane a accueilli cette proposition avec enthousiasme: "Je voulais avancer, récupérer... je voulais reprendre mes activités dans la ferme, m'occuper de mes bêtes... Le traitement est très dur et donc le fait de pouvoir dire j'oublie tout, de pouvoir prendre conscience qu'il y a moyen de relativiser... c'était important".

Comme les deux autres témoins -Nadine et Barbara- Christiane fait ses exercices régulièrement et chez elle, l'autohypnose a changé sa vie: "Je pense que ça m'a vraiment apporté cette faculté de dire halte, je suis là, j'existe, je fais des choses pour moi, je pense à moi de temps en temps".

Retrouvez l'article ici.

Presse écrite